Le non respect du Code du Travail en Corse

Dans le privé, le salaire mensuel moyen brut[1]
en Corse est de 484 € inférieur au
salaire moyen national

Ce sont les chiffres très sérieux que communique régulièrement l’URSAFF dans le bulletin StatUR[2] qui paraît tous les trimestres. La Corse est la région où le salaire mensuel moyen est le plus bas.

C’est énorme ! C’est une perte de près de 6 000 € brut par an ! Soit 4 500 € net. Et c’est une moyenne, car si certains perçoivent un salaire inférieur de 100 € ou 200 € en dessous de la moyenne, d’autres se verront amputés de 600 €, 700 €, voire plus. “Se faire exploiter” est une expression qui prend ici tout son sens.

Inquiétude supplémentaire, cet écart ne cesse de se creuser, puisqu’en trois ans il est passé de 436 € à 484 €.

Pourquoi le salaire moyen est-il plus bas
et pourquoi la perte est-elle aussi importante pour les salariés,
(et le gain important pour l’employeur, ne l’oublions pas)

  • En Corse, les emplois requièrent en moyenne moins de qualifications. Il y a très peu d’entreprises dans la haute ou très haute technologie. Le niveau moyen de qualification requis est plus faible, donc le salaire moyen l’est aussi.
    Certes, ça peut expliquer qu’il y ait une différence mais pas une différence de 484 € par mois ! Si le salaire moyen avait été comparé avec le quartier de La Défense occupé principalement par des sièges sociaux, la différence aurait même été plus importante, mais il s’agit ici de la moyenne nationale. Sur le Continent, il n’y a pas que des ingénieurs ou des cadres supérieurs !
  • Un non-respect du Code du Travail plus généralisé en Corse : heures supplémentaires rarement payées, travail au noir (une plaie), frais professionnels non pris en compte, sous classement dans les grilles, astreintes non reconnues,… Tout ceci contribue à une baisse du coût du travail et donc du salaire. Avec les conséquences sur le montant des pensions de retraite. Nous tenons là, la principale explication de l’ampleur de cette inégalité de traitement.
  • Circonstance aggravante : le recours en masse aux travailleurs détachés. La Corse est, après l’Alsace, la 2ème région la plus concernée par le détachement de salariés étrangers. En proportion, il y a 3 fois plus de travailleurs déplacés (“détachés”) en Corse que sur le Continent.
    Il ne suffit donc pas au patronat local de travailler sur les minimas sociaux, encore faut-il qu’il aggrave la situation du salariat dans l’île en recourant massivement à de la main d’œuvre encore moins payée que ces minimas. Sans parler du manque à gagner pour la Sécurité Sociale….

Les prix en Corse

La TVA sur les carburants est de 13 % alors qu’elle est de 20 % sur le Continent. Pourquoi le carburant est-il plus coûteux alors qu’il devrait être au moins 7 % moins cher ?[3] Pourquoi les vins corses sont-ils aussi chers alors qu’il n’y a pas de transport et qu’ils sont soumis à une TVA réduite voire à aucune TVA ? Pourquoi un certain nombre d’articles produits en Corse sont plus chers ici que sur le Continent ? En fait, il n’y a aucune concurrence, un partage du territoire a eu lieu.

C’est ce que confirme l’étude Nielsen qui étudie les prix dans la grande distribution pour les villes de plus de 50 000 hab. Elle classe systématiquement Ajaccio comme la ville la plus chère de France, avec des prix en moyenne de 10 % à 14 % au-dessus de la moyenne nationale. Alors que le coût des transports maritimes n’entre que pour 2 % à 3 % dans la formation du prix.

Facteur aggravant, cette étude a lieu en février et nous savons qu’à partir d’avril-mai les prix repartent à la hausse. Si les prix sont plus élevés de 14 % en hiver, de combien sont-ils pendant la saison touristique ?[4]

Si les salaires sont plus bas et les prix bien plus élevés,
il y a bien quelqu’un qui empoche la différence.

Nous avons là un début d’explication sur d’un côté, le nombre important de grosses cylindrées et de l’autre, pourquoi la Corse est la région avec le taux de pauvreté le plus important. L’Insee : « En Corse en 2012, 55 000 personnes vivent dans un ménage où le revenu par unité de consommation est inférieur au seuil de pauvreté, c’est à dire avec moins de 990 euros par mois. Cela représente un habitant sur cinq, soit le taux de pauvreté le plus élevé des régions avec 6 points d’écart à la moyenne de province ».

Ceux qui payent peu, vendent cher. L’Insee constate que la Corse est une terre d’inégalités : « La Corse se caractérise par un écart important entre les revenus les plus faibles et les plus élevés… La région Île-de-France est la seule à présenter un écart de revenus plus étendu que celui de la Corse, ».

Force est de constater que même si ce n’est pas vrai pour tous les secteurs, il y a de nombreux secteurs où les entreprises corses sont très profitables. Il est grand temps de mettre fin à une politique économique qui ne vise qu’à baisser le coût du travail et multiplier les exonérations pour les entreprises.

Respect du Code du Travail
Respect des Conventions Collectives
Paiement des heures supplémentaires
Augmentation générale des salaires
Pour vous défendre, syndiquez-vous !
Rejoignez Force Ouvrière

[1] SMTP : Le salaire moyen par tête (SMPT) est calculé en divisant la masse salariale sur toute la Corse par l’effectif. Il s’agit du salaire brut et uniquement des salariés du privé.

[2] Source : http://www.acoss.fr/home/observatoire-economique/publications/publications-regionales/corse/statur-corse-n11.html?origine=liste

[3] Le 18 janvier 2017 prix du SP95 : en Corse-du-Sud de 1,50 € à 1,55 €. Dans les Bouches du Rhône : le prix moyen est de 1,43 €. On le trouve à 1,37 € au Super U de Fare-les-Oliviers et le record c’est 1,21 € au Leader Price de Gardanne !

[4] Normalement, plus vous vendez, plus les prix baissent. Il semblerait qu’en Corse la loi de l’offre et la demande ne s’applique pas. Sous prétexte de plumer le touriste, quand les ventes s’envolent, les prix suivent. Et comme à la caisse, rien ne différencie un corse d’un touriste, nous subissons de plein fouet l’augmentation des prix. On comprend mieux l’attrait des corses pour l’achat sur Internet.

Téléchargez le tract 2017-01-21 Tract UD salaires

Loi Travail : Quelles conséquences pour les agents du RSI ?

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Fédération des Employés et Cadres

 

Les Fédérations FO et CGT des personnels Du RSI réaffirment leur exigence de retrait du projet de loi « Travail » dite loi El Khomri.

Les Confédérations et organisations syndicales FO, CGT, FSU, Solidaire, UNEF, UNL, FIDL ont raison d’affirmer dans leur déclaration commune du 14 mars 2016 : « les aménagements annoncés par le premier Ministre ne changent pas la philosophie générale du projet ». 

Cette loi n’est ni amendable, ni négociable

Comme le souligne la déclaration commune : « Ce texte continue à diminuer les droits des salariés et à accroître la précarité, notamment des jeunes. Décentralisation de la négociation collective au niveau de l’entreprise et affaiblissement des conventions collectives de branches, fragilisation des droits individuels acquis, mise en cause des majorations des heures supplémentaires, facilitations des licenciements, affaiblissement de la médecine du travail… sont autant d’exemples de régressions qui demeurent. »

En inversant la hiérarchie des normes, c’est à dire en donnant la primauté à l’accord d’entreprise et en morcelant le droit du travail, entreprise par entreprise, cette loi ouvre la voie à la remise en cause des conventions collectives et affaiblit ainsi le rapport de force des salariés.

Aujourd’hui la Convention Collective Nationale protège les 5800 employés et cadres du RSI.

Que va-t-il se passer si demain le directeur de chaque organisme, établissement peut décider grâce aux accords locaux de déroger à la Convention Collective Nationale et au Code du travail ?

Avec les mesures d’économies drastiques qui découlent des COG, les directeurs ont tendance à tenter de remettre en cause les droits et acquis du personnel. Il leur sera facile de remettre en cause les RTT et les horaires variables.

Le fait d’avoir des dispositions conventionnelles et le Code du travail qui s’imposent dans les organismes, permet aux organisations syndicales d’avoir un point d’appui pour éviter que le personnel devienne taillable et corvéable à merci. 

Mais si le projet de loi El Khomri venait à s’appliquer, les directions auraient les mains libres puisqu’elles ne seraient plus contraintes de tenir compte des dispositions conventionnelles car ce serait l’accord local qui primerait.

Les Fédérations CGT et FO invitent tous les salariés à s’engager résolument dans la grève interprofessionnelle du 31 mars 2016 à l’appel de FO, CGT, Solidaire, FSU, UNEF, UNL, FIDL.

Le 31 mars 2016, pas un accueil, pas un service ne doit fonctionner. Les employés et cadres, avec les salariés du public et du privé, avec les jeunes étudiants et lycéens diront : Retrait de la loi El Khomri.

TOUS EN GRÈVE
ET DANS LA RUE LE 31 MARS 2016

Paris, le 18 mars 2016

 Téléchargez le tract Loi Travail : Quelles conséquences pour les agents du RSI ?